Noël ici, Tabaski là bas
Bientôt noël en France. Froid, fête, famille, orgie gustative et cadeaux à profusion, pour les plus chanceux. A Dakar, leur noël vient de se terminer. La tabaski (l'équivalent de l'Aïd el Kebir) était somptueuse, dixit Fathou. "La viande n'en parlons pas!" Deux ou trois jours de fête depuis mercredi, le mouton, roi du jour, a semble-t-il été apprécié. Depuis novembre ces derniers sont cajolés, engraissés, pouponnés. On leur parle, d'aucuns font un commerce juteux : achetez un agneau, laissez le grandir, nourissez le bien, et vendez le la veille de la tabaski.
Cyril, qui vit au Sénagal depuis plus de six ans, me racontait ainsi sa vision de cette fête musulmane, depuis Dakar : "C'est un vrai carnage! Les moutons sont égorgés dans la rue, les trottoirs sont plein de sang, les peaux des moutons sont accrochés aux arbres, ça renifle grave! Et au bout de quelques jours, je te raconte pas! Ce qui est drôle, c'est de regarder les bêtes, elles comprennent bien ce qui se passe... et il en reste toujours une, épargnée. Ce mouton chanceux est complètement paniqué, il a les genoux qui claquent, les yeux hagards, son bellement tremble [il imite le mouton flippé]. Tu m'étonnes! Il a vu tous ses potes se faire égorger toute la journée!" Cyril imite très bien le mouton flippé. Et Cyril n'est pas musulman, ça va de soi. Il fêtera néanmoins la tabaski chez ses amis, tous musulmans, ou presque.